On sait maintenant de combien de mètres il faut s’élever dans les différentes saisons pour que la température de l’air s’abaisse d’un degré ; c’est ce qu’on appelle le décroissement de la température avec la hauteur. Dans une contrée où la température est tous les jours de 45° sous zéro, ou même descend plus bas, de bonnes et chaudes fourrures vous empêchent de sentir le froid, tandis que la tenue en usage dans les régions civilisées ne vous offre aucune protection. Je lui gardai longtemps une rancune particulière pour une méchanceté qu’elle me fit, qui m’avait extrêmement mortifiée : un soir d’hiver où, pelotonnée dans mon lit, je ne pouvais m’endormir, tant j’avais froid, j’eus l’idée d’aller décrocher dans la garde-robe tous mes vêtements pour m’en faire des couvertures. Dans ces parages, des vents de nord-est mirent notre patience à une rude épreuve en retardant le Fram de près de deux semaines. Il tenait d’une nature généreuse les qualités rares et difficiles qui font presque toujours réussir ; le désir actif, inquiet, incessant, la connaissance innée, de l’humanité, la patience du martyr, la finesse oblique de la femme ; mais le hasard, cet impitoyable brouillon, lui avait attaché un tablier, autour des reins et mis un plumeau de valet de chambre à la main.

Le capitaine Colbeck, qui commandait un des navires envoyés pour ravitailler la première expédition de Scott, à découvert à l’est du cap Adare une petite île ignorée, à laquelle il a donné le nom de cet explorateur. Aussi décidons-nous de fêter cet heureux événement le jour du passage du Cercle polaire. L’existence permanente d’un passage le long du 150° de longitude ouest semble dûment confirmée par son travail. Résultat : dans son pays, par 30° ou 35° sous zéro, un explorateur polaire claque des dents. Nilsen a établi une carte des limites de la banquise, d’après les observations recueillies au cours des trois voyages accomplis par le Fram dans ces parages. Tripoli, Mesurata, Barca. Montagnes peu élevées, faibles cours d'eau; beaucoup de plaines arides et sablonneuses; climat brûlant et inhospitalier, air vicié par le sirocco. Trois jours après le départ, nous rencontrons la banquise à peu près dans la même position où elle a été abordée dans les trois voyages antérieurs.

Bientôt la glace diminue, et, le 6 février, la houle annonce l’approche de la fin de la banquise. Il nous est donc encore contraire, mais en serrant la terre, nous rencontrons des eaux calmes, et, avant l’obscurité, nous réussissons à atteindre l’île Tasman. Le cap que nous voyons est, croyons-nous, Tasman Head. La pointe que nous avons prise pour Tasman Head appartient à l’île Tasman, comme l’indique le phare qui la surmonte ; au lieu d’être dans la Storm Bay, nous nous trouvons encore dans le Pacifique, sous le vent de ce maudit cap. Au début, nous espérons gagner la partie, mais à mesure que nous nous éloignons de la terre et que le vent force, nous sommes dépallés. Dans la matinée du 6, enfin, le vent tombe, en virant légèrement au sud. Verser le bouillon sur des tranches de pain mises dans la soupière, arrosées d’un filet d’huile d’olive et poivrées. Vous pouvez la consommer en guise d'apéritif sur une tranche de pain avec de l'huile d'olive extra vierge ou du beurre de qualité et quelques paillettes de sel. J'ai oublié un petit morceau de ce beurre parfumé dans sa boite dans mon réfrigérateur. Faire fondre, dans 50 grammes de beurre : 100 grammes de feuilles d’oseille épluchées ; 25 grammes de feuilles d’orties nouvelles bien tendres ; 10 grammes de persil ; 5 grammes de pimprenelle ; 5 grammes de sauge verte ; 5 grammes de sarriette et 2 grammes d’estragon.

Ce que l’on a fait pour le blé, pourra-t-on le faire pour l’avoine dont le prix est bien plus élevé (de 50 pour 100) et le déficit bien plus considérable ? En tout cas, l’on aurait pu le tenter pour la viande. Après bien des tribulations, dans l’après-midi du 4 mars, la Terre de Tasmanie est en vue. Il ne nous reste qu’à louvoyer et à essayer de gagner dans le vent, bien que cela semble fort inutile. Quarante-huit heures de fraîche brise de sud nous poussent assez rapidement au delà des îles Balleny, et, le 9 février, nous sortons de la zone polaire australe. Poussés par une brise très fraîche, le Fram avance rapidement vers la terre. Le plus souvent la brise souffle du nord, toujours très faible, suffisamment toutefois, pour retarder notre bon vieux bateau. Avant le 10 février, leur bateau devait être de retour ; tous les membres de l’expédition s’embarqueraient alors pour faire route dans le Nord. Seulement, le 7 février, nous pouvons prendre une hauteur méridienne assez bonne ; elle nous place au nord du cap Adare, par conséquent au large du continent antarctique. La nuit, une bonne vigie peut apercevoir de très loin la lueur blanche reflétée par ces gros blocs, mais il n’en va pas de même pour ceux de petite taille ; ceux-ci n’émergent que de quelques mètres, par suite, ne produisent aucune blancheur dans l’obscurité.