On ne s’attendroit pas que l’Auteur du Traité des Dispenses, aprés avoir fait tous ses efforts pour recommander l’usage des Racines, des Herbages, des Fruits, osât représenter ensuite ces mêmes alimens comme dangereux à la vertu : c’est pourtant ce qu’il fait avec grand truffes noire lisse soin. Ce sont donc des terreurs paniques que l’Auteur du Traité des Dispenses, par une contradiction qu’il est difficile de concevoir, voudroit donner ici aux gens de bien, sur la plûpart des alimens maigres ; alimens, comme on sçait, dont il recommande si fort l’usage en Carême, & dont il voudroit même qu’on fît son unique nourriture pendant toute la vie. Tel est, par exemple, l’Agnus castus, l’un des plus puissans remedes contre l’incontinence : Diuretique cependant, qui pousse si fort le sang vers les parties basses, pour nous servir des termes de l’Auteur, que non seulement il provoque les urines, mais qu’il excite meme les regles aux femmes. L’un part à jeûn, l’autre soûl. Pline, qui rapporte ce fait, ajoute qu’on disait de son tems que c’étoit un bon remede contre la morsure des chiens enragez, qu’une noix mâchée à jeûn, & appliquée sur le mal. Un veritable Medecin auroit sçû encore que parmi les plantes, qu’on accuse d’être contraires à la chasteté, il y en a un grand nombre, qui, loin d’être diuretiques, Truffes noires d'été fraîches arrêtent les urines, comme fait, entr’autres, la Roquette.
Cet endroit, aussi-bien qu’un grand nombre d’autres, fait voir que ce ne sçauroit être un Medecin, ou du moins un Medecin éclairé, qui ait composé le Traité des Dispenses : car un Medecin, un peu instruit, aurait sçû qu’il y a des diuretiques, qui, loin d’exciter les passions, les assoupissent. Il est plus sain cuit à la vapeur de l’eau, ou dans l’eau ; parce que l’humidité de l’eau en délaïe les principes, & les rend plus capables de se détacher : il incommode moins alors l’estomac, & il nourrit davantage. Il faut, quand on mange des marons cuits à l’eau, n’en point trop presser l’écorce entre les dents, de peur d’en extraire un certain suc astringent, qui se trouve dans l’écorce interieure, & qui est si styptique, qu’il pourroit resserrer le ventre outre mesure. Les marons cuits sous la cendre sont plus savoureux, plus délicats, & même plus sains que ceux qui sont rôtis dans la poële ; & cela pour deux raisons ; la premiere, parce que la cendre qui couvre les marons, empêche que les parties volatiles ne s’en exhalent si vite ; & la seconde, parce que cette cendre fournit un sel qui entre dans le maron, & qui en divise les principes ; deux effets qui rendent ce fruit moins indigeste.
Elles sont trés-nourrissantes, lorsqu’on les digere ; mais il en faut manger peu, sans quoi elles chargent l’estomac, & peuvent causer des coliques, à moins qu’on ne soit d’une constitution forte & robuste, comme la plupart des Limosins, qui mangent du pain de chataigne, & qui n’en sont point incommodez. Pour ce qui est des Figues, quoi-qu’elles ne soient pas diuretiques ; mais seulement sudorifiques, à ce qu’il dit, & qu’ainsi loin de déterminer le sang & les esprits vers les parties basses, elles le déterminent à la circonference du corps : elles ne laissent pas, selon lui, d’être extrêmement dangereuses, sur l’article en question, & d’exciter de vilains penchans : ce sont ses termes ; mais il ne faut pas s’en étonner, puisque les diaphoretiques même, c’est-à-dire, les choses qui favorisent la transpiration, sont encore contraires, selon lui, à la chasteté ; nous l’avons vû dans le premier exemple ; en sorte que les alimens qui s’arêtent peu, & qui se filtrent mieux que les autres, c’est-à-dire, qui font moins d’embarras, & qui sont les plus sains, doivent être regardez comme des alimens défendus. Cet Article merite d’être examiné ; nous nous y arrêterons un moment, avant que de venir à l’Article des Poissons.
Il est tems de passer à l’Article des Poissons. Ce fruit n’est jamais bon crud : on prétend même qu’il est alors dangereux, & qu’il peut produire la maladie pediculaire. En cas qu’on nous dise qu’il parle peut-être par experience, nous n’appréhendons point de répondre que cette experience lui est particuliere, & qu’il ne doit pas en ceci juger des autres par lui-même. On s’y amuse à ce qu’il paraît. DES CHATAIGNES ou Marons. Les Chataignes ou Marons, sont des fruits faits en forme de cœur, & gros à peu prés comme des noix ; couverts d’une peau semblable à du cuir, sous laquelle est une petite membrane, & enfin une pulpe fort blanche, & bonne à manger, qui est la chair de la chataigne ou du maron. Albertine avait éteint, elle était couchée, je restais là immobile, espérant je ne sais quelle chance qui ne venait pas ; et longtemps après, glacé, je revenais me mettre sous mes couvertures truffes et nos champignons séchés pleurais tout le reste de la nuit.
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